Un parvis pour Maurice Audin, martyr anticolonialiste ?

Le 26 février 2023 La Dépêche du Midi a publié :

Pour une place Maurice Audin dans le quartier Bellefontaine

Des citoyens demandent qu’une place soit nommée du nom de ce militant de l’indépendance de l’Algérie, assassiné en 1957.

Des citoyens et des élus se sont rassemblés ce samedi 25 février sur le parvis de la médiathèque Grand M, à Toulouse. A l’appel d’Ali Tehar, militant socialiste et en présence de Pierre Audin, ils ont dévoilé une plaque fictive « Place Maurice Audin », qu’ils espèrent bientôt voir se transformer en plaque officielle et définitive.

Maurice Audin, mathématicien, membre du parti communiste algérien et militant de l’indépendance de l’Algérie, a été assassiné en juin 1957 par l’armée française, à l’âge de 25 ans. La responsabilité de l’état et de l’armée française a été reconnue en 2018 par le président Macron. En 2019, le maire de Toulouse avait déclaré qu’il n’était pas opposé à ce qu’il y ait une rue ou une place Maurice Audin. Mais depuis, plus rien.

« Maurice Audin était un homme de paix, qui voulait la concorde entre les peuples. Il y avait des centaines, des milliers d’hommes et de femmes comme mon père et ma mère, qui voulaient que les Algériens décident de leur avenir, sans violence », a déclaré Pierre Audin, le plus jeune des trois enfants de Maurice Audin.

Un portrait de Maurice Audin a été offert par l’artiste franco-algérien Tawfik Ali Chaouche, et le consul adjoint d’Algérie Idriss Thouri a remis un drapeau algérien à Pierre Audin, en signe d’amitié. « La rue Maurice Audin est l’une des plus connues et respectées d’Alger », a-t-il rappelé. Une lettre officielle sera remise au maire de Toulouse lors du prochain conseil municipal, le 10 mars, pour réitérer la demande d’une place Maurice Audin dans la Ville rose.

C. Dm.

Lors du rassemblement en faveur d’une place Maurice Audin, ce samedi devant la médiathèque Grand M, à Toulouse. DDM, Xavier de Fenoyl

Pierre Audin, le fils de Maurice Audin, souhaiterais que la place porte également le nom de Josette Audin, du nom de l’épouse de ce dernier, elle même militante anti-colonialiste : « Place (ou parvis) Josette et Maurice Audin »

Pour soutenir cette initiative de nommer le parvis de la médiathèque Maurice Audin, une pétition existe : https://www.change.org/p/jean-luc-moudenc-pour-une-place-au-nom-de-maurice-audin-dans-la-ville-de-toulouse?recruiter=348710512&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook_messenger&utm_campaign=psf_combo_share_message&recruited_by_id=80e38a40-3118-11e5-a425-f910b3ca75aa&share_bandit_exp=message-15160717-fr-FR&share_bandit_var=v3

Article publié le 8 février 2023 par la Dépêche du Midi.

La suite…

« Depuis 2019, la mairie de Toulouse renâcle à donner un nom de rue ou de place en souvenir du martyr de Maurice Audin en Algérie, en 1957. Ce qu’on déjà fait de nombreuses villes en France, comme Rennes ou Saint-Etienne. Une plaque sera dévoilée symboliquement à Bellefontaine, le 25 février.

Le souvenir de Maurice Audin, ce jeune militant anticolonialiste arrêté et torturé à mort, par l’armée française, à Alger en 1957, divise toujours à Toulouse. En 2019, quelques mois après que le président de la République Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de l’État et de l’armée française dans la disparition du jeune mathématicien, mort à l’âge de 25 ans et dont le corps ne fut jamais retrouvé, un collectif de personnes et les élus écologistes et communistes proposent le nom de Maurice Audin pour une rue ou une place dans le quartier de la Cartoucherie.

La plaque proposée pour le parvis de la méditathèque Grand M sera dévoilée par le fils de Maurice Audin, Pierre.
La plaque proposée pour le parvis de la méditathèque Grand M sera dévoilée par le fils de Maurice Audin, Pierre.

Proposition refusée par la municipalité : « Nous cherchons toujours le consensus », expliquait alors Jean-Michel Lattes, en charge de la commission des noms de rues. L’élu précise aujourd’hui : « Le maire voulait jouer l’apaisement et ne pas créer de clivage ».

Rien n’a bougé depuis 4 ans

« Maurice Audin n’est pas écarté. Il est dans la liste d’attente », avait alors avancé Jean-Luc Moudenc lors du conseil municipal du 14 juin 2019. Un « engagement » de réexaminer la demande sur lequel un groupe d’élus de l’opposition municipale, de citoyens et d’associations toulousaines s’appuie : « Depuis bientôt quatre ans cet engagement est resté sans suite et aucune proposition n’a été faite ». Les demandeurs souhaitent « interpeller le maire de Toulouse et l’ensemble du conseil municipal afin qu’il puisse proposer dans sa séance du 10 mars 2023 que la place de la médiathèque Grand M puisse être dénommé Parvis Maurice Audin ». C’est ce qu’on peut lire dans l’appel à citoyens que le collectif entend distribuer et tracter à Toulouse pour expliquer qui était Maurice Audin et justifier leur demande.

Maurice Audin avait 25 ans lorsqu'il a été torturé et tué à Alger.
Maurice Audin avait 25 ans lorsqu’il a été torturé et tué à Alger. DR.

Une plaque commémorative sera dévoilée symboliquement le 25 février 2023, en présence de Pierre Audin, fils de Maurice Audin, sur le parvis de la médiathèque Grand M à Bellefontaine.
Interrogé par La Dépêche du Midi, Jean-Michel Lattes joue la surprise : « Je n’ai pas eu de nouvelle demande », ajoutant, sur le fond : « C’est trop clivant les plaies ne sont pas refermées ».
Pour Ali Téhar, secrétaire de la section PS Toulouse Sud, qui cosigne avec les deux élus municipaux Régis Godec (EELV) et Luc Ripoll (PCF) l’appel à pétition : « 67 ans après, il serait temps de rendre hommage à ce jeune défenseur des libertés, d’autres villes comme Rennes l’ont déjà fait. La communauté algérienne est la plus importante de Toulouse ».

Philippe Emery