Mon voyage au Sud de Sikasso m’a changé.
Dans ces campagnes les plus reculées du Mali. Ce qui m’a attiré, c’est le combat quotidien des femmes dans ces villages et l’absence de l’état. Pendant mon séjour, j’ai toujours vu autour de moi la misère et la tristesse de la femme dans tous les coins que j’ai visité. Elle est abandonnée à son sort par l’homme mais aussi par son pays.
Dans les campagnes, la femme est toujours seule avec ses enfants. L’homme, lui, il fait ce tour de magie. Il est là et en même temps il n’est pas là, pourtant il s’est auto proclamé « chef de famille « .
En effet dans les campagnes que j’ai visité, c’est la femme qui fait le grand travail quotidien. Elle s’occupe de ses enfants, elle se lève tôt et se couche tard. Le matin, elle fait la bouillie pour la famille. Elle prépare les enfants pour l’école qui est à 5 ou 6 km du village. Elle va dans son petit maraîcher pour cueillir les feuilles, les légumes etc.
De retour à la maison, elle va dans le grenier. Elle choisit la céréale idéale pour faire un bon repas pour la famille. Après la cuisine, elle cherche les linges sales de son mari et de ses enfants éparpillés partout. Elle les lave avec sa main. Souvent dans ces villages , l’eau est rare. Elle est donc obligée d’aller puiser de l’eau à main nue à quelques kilomètres de la maison. C’est pas fini, dès 16 h elle doit piller le maïs ou le mil. En effet, souvent il y a pas de machine dans ces villages pour faire la semoule. Qui dit cuisine, parle du feu, elle doit aller dans la brousse pour chercher les fagots.
Le soir, après le dîner
Le soir, après le dîner, elle est toute seule dans une cours souvent peu lumineuse. Elle fait la vaisselle pendant que les autres dorment. Et chaque jour, c’est la même routine, le même combat pour ces femmes braves qui se battent jour et nuit pour que leur famille soit heureuse, surtout les enfants, sa seule raison de vivre dans ce monde inhumain.
Après mon voyage dans ces villages, le petit citadin que j’étais, a changé. J’ai compris que le monde ne s’arrête pas dans les villes. J’ai compris que la vie ne s’arrête pas dans mon quartier de Bamako. Et aussi que nos dirigeants depuis des décennies ont échoué à rendre la femme heureuse et libre.
Après de longues réflexions, je me suis dit que cette situation n’est pas une fatalité mais qu’elle émane de quelques clans et groupes politiques qui ont pris en otage le destin des milliers de personnes. Ainsi je me suis lancé dans les mouvements politiques dans le but de changer les choses ou de faire mon mieux.
Ce que j’ai compris : on doit mettre la femme au centre de notre lutte pour le bonheur de l’Afrique et pour le monde. Et dans ce combat épique, aujourd’hui elle est doublement dominée c’est à dire par des hommes dominés aussi.
Sans la femme africaine, la situation de l’Afrique serait pire aujourd’hui. Elle est le moteur économique de nos pays respectifs. « Le triomphe de l’Afrique passera par le triomphe des femmes « . Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Sankara !
Vive la révolution, vive les femmes
Diarra

